Premièrement, d'où vient ce mythe? Vers la fin des années 60, les chercheurs scandinaves ont utilisé la biopsie musculaire (on coupe, puis on analyse une petite partie du muscle) pour prendre des mesures, notamment, celle du glycogène musculaire (le sucre emmagasiné dans le muscle). Ils ont trouvé que la concentration de glycogène musculaire était extrêmement basse dans des athlètes qui ont fait un exercice prolongé entre 60% et 80% du VO2 max. Il était normal donc de conclure que ces concentrations basses devaient contribuer à la fatigue. Aussi, ils ont remarqué que les athlètes qui étaient sur une diète riche en gras (90%) avaient des performances amoindries et que leur concentration de glycogène intra-musculaire était faible. En plus, ils ont remarqué que les athlètes qui consommaient beaucoup de glucides avant une compétition avaient des performances supérieures à ceux qui en consommaient une quantité normale. Ils en sont donc venu à la conclusion que c'est l'épuisement du glycogène musculaire qui cause une grande fatigue dans les épreuves prolongées.
Pourtant, si c'est vraiment l'épuisement des réserves de glycogène qui explique le mur, il serait impossible de compléter le Ironman d'Hawaii avec les temps que les gars font aujourd'hui. Personne au monde n'a des réserves de glycogène qui durent 8 heures. Seulement pour faire les 180km de vélo, il a été calculé qu'il faut brûler 700g de glycogène. Or, il a été évalué que le corps des athlètes Ironman contient environ 500 g de glycogène. Cela voudrait dire que les 42,2 km de course ont été parcouru en utilisant seulement des lipides (gras). Pourtant, pour courir les 42,2 km en moins de 2h40, il faudrait être capable de brûler 1,15g de gras par minute, ce qui est 50% plus élevé que ce qui a été mesuré jusqu'à maintenant. Qu'est-ce que ça veut dire? Premièrement, ce sont des athlètes exceptionnels avec une habileté à brûler des graisses très élevée. Deuxièmement, cela veut dire qu'ils sont capable de courir à un pourcentage élevé de leur Vo2 max, avec une faible réserve de glucose, ce qui serait impossible si la seule cause de la fatigue musculaire est l'épuisement des réserves de glucides.
Aussi, en 1986, une étude par Coyle, Coggan et al. a étudié 2 groupes de cyclistes qui s'exerçaient à intensité constante, en ingérant soit un placebo ou 100g sous forme liquide par heure. Ceux qui ingéraient des glucides ont pédalé pendant environ 1h de plus, pour un total de 4h.
![glucose sanguin exercice](http://chaussuresdecourse.files.wordpress.com/2011/10/glucose-sanguin.jpg)
Ce qui est intéressant de noter, c'est que la concentration de glycogène musculaire des deux groupes suit pratiquement la même courbe, même si un des deux groupes réussit à pédaler 1 heure de plus. Par contre, la concentration de glycogène dans le sang resta élevée dans le groupe qui ingérait la solution de glucide. Qu'est-ce que ça veut dire? Que la performance n'est pas vraiment limitée par la quantité de glycogène qui reste dans les muscles, puisqu'après 3h, les 2 groupes ont épuisé leurs réserves. Ce qui limite la performance le plus, c'est la diminution du taux de glucose sanguin. C'est donc dire que nous possédons un mécanisme de blocage, qui nous empêche de nous faire trop mal. Ce mécanisme, lorsqu'il détecte que le glucose sanguin devient trop bas, donne de la douleur au corps (à vous!!) pour qu'il ralentisse et pour protéger les organes vitaux. Par contre, en ingérant une solution de glucose, on empêche cet inhibiteur, ce contrôle, de faire son travail et de limiter la performance. Le mur n'est donc pas vraiment relié à la diminution de la disponibilité des glucides, mais plutôt au blocage qu'effectue le gouverneur central lorsqu'il sent que la concentration en glucides dans le sang diminue trop.
C'est ce qui explique aussi une étude que j'avais vu il y a quelque temps où la performance était améliorée seulement en se mouillant la bouche avec une boisson sucrée, puis en la recrachant.
Finalement, la théorie du gouverneur central explique aussi pourquoi, en voyant la ligne d'arrivée, vous êtes capable d'accélérer, même si vos réserves de glucides sont à leur plus bas niveau depuis le début de la course.
et on prend quoi comme solution de glucose???
RépondreSupprimerLa solution de glucose proposée était une solution contenant de la maltodextrine, comme cytomax ou powerbar. Par contre, on ne sait pas encore exactement quel est le type de boisson pour sportif qui donne les meilleurs résultats. Il semblerait que ça dépend des gens, je conseille donc d'en tester quelques-unes pour trouver celle que vous tolérez le mieux et qui vous donne les meilleurs résultats.
RépondreSupprimerJ'ai tout le temps crus que la baisse d'énergie rencontré au début du mur etait duesurtout a une tres forte baisse des sels minéraux( électrolytes)non pas juste a cause du glucogène..! Est ce aussi un mythe aussi ds ce cas la?
RépondreSupprimer@pierre. à ce que je saches, la variation de concentration d’électrolytes [Na+], [K+] ou [Cl-] (hyper ou hypo-natrémie) présent dans le plasma sanguin n'a jamais été liée avec une baisse de de performance dans les sports d'endurance. Ni lié aux crampes musculaires d'ailleurs.
RépondreSupprimer@Daniel : L'existence du Gouverneur Central (de Noakes et al.) à t-elle été démontrée? J'ai lu avec énormément d'intérêt sur ce sujet. À date, le consensus semble être qu'il est impossible de démontrer scientifiquement l'existence d'un gouverneur pour lequel on ne peut pas concevoir d'expérience à variables contrôlables qui sont en mesure de confirmer ou d'infirmer la présence de ce que ses détracteurs qualifient de "petit bonhomme invisible dans notre cerveau qui tire sur des fils invisibles". Au fait, Noakes et sa théorie sont très polarisant. Il y a autant d'arguments en sa faveur que contre. Mes lectures datent de qques années par contre. Il y a eut des nouveautés?
@ Alexandre Michel : Je ne pense pas qu'elle puisse un jour être démontrée.. Peut-être est-ce que ce concept est condamné à rester une théorie. Je ne sais pas quelle étude pourrait prouver à 100% l'existence du Gouverneur Central. Par contre, une chose est sûre, ce modèle explique quand même bien des choses et les modèles classiques ont des faiblesses notables... Pour être honnête, je suis actuellement à 100% dans le livre de Tim Noakes et donc ébloui par la beauté de ce modèle simple. As-tu des suggestions de lectures qui pourraient me faire voir l'autre côté de la médaille?
RépondreSupprimer[...] pose encore la question aujourd’hui. Pour plus de détails, consultez l’article sur le Mythe du mur au marathon. C’est généralement admis que le mur arrive au moment où les réserves de glucides sont [...]
RépondreSupprimer[...] Frapper le mur au marathon [...]
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